Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                 91
 l'Italie. Aussitôt un immense mouvement se produit dans
 les esprits, se propage, et de proche en proche embrasse
 toute l'Europe. Quels étaient ces hommes? avaient-ils une
 mission, un but, et avaient-iîs rêvé cette grande réaction
 qu'ils allaient provoquer? C'étaient de pauvres grammai-
 riens, de modestes savants byzantins qui venaient de-
 mander un asyle, une terre hospitalière pour les Dieux,
 les pénates de la Grèce qu'ils apportaient mutilés dans
leurs bras; pour ces puissants écrivains, ces génies immor-
 tels qui, depuis trente siècles, ont illuminé le monde. L'Ita-
 lie, cette vieille terre classique et toute pleine encore des
 souvenirs de Rome PU milieu de ses révolutions féoda-
les et des luttes de ses populeuses communes, l'Italie ac-
cueillit avec transport et vénération ces précieux débris de
l'antiquité. Elle n'avait pas attendu d'ailleurs que la Grèce
"vint à elle, et la renaissance de l'Italie ne date point,
comme on l'a tant répété, de telle année déterminée,
d'un point fixe dans le temps de i/j53. Dès la lin du
siècle précédent réveillée par la voix puissante de Pétrar-
que, formée aux leçons du célèbre Roccace, elle s'était
prise d'enthousiame pour les chefs-d'Å“uvre des anciens
âges. Les Bibliothèques se formaient; les livres s'ache-
taient à grand prix; de riches particuliers, des marchands,
Corne de Médicis, Niccolo d'Uzzano, faisaient chercher
par toute l'Europe les manuscrits les plus rares; et, mis-
sionnaire ardent de la science, le pogge revenait chaque
année annoncer à l'Italie la résurrection d'un chef-d'ceu-
vre. Le mouvement scientifique et littéraire est peut-être
plus vaste chez nous qu'à cette époque; il est moins ap-
parent, moins passionné; on se précipitait avec un prodi-
gieux amour au milieu des éléments confus de la science
encore au berceau ; la science était le grand intérêt