Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                  i&
Bourgogne, au contraire fort abondante, les fermiers de l'en-
trée jugèrent convenable à leurs intérêts de favoriser l'accès
de ces vins, en relâchant quelque chose des droits. Ils propo-
sèrent à M. De La Font d'agir de m ê m e , en ce qui concernait
les droits des pauvres. De La Font consulta sur ce sujet Far~
chevêque, qui pensa qu'une telle mesure blesserait les intérêts
des bourgeois de Lyon, propriétaires de vignobles dans la pro-
vince; « mais, ajouta le prélat, avec un geste significatif, il est
bon quelquefois d'être sourd et aveugle. » De La Font ne fait
pas difficulté d'avouer clans ses mémoires que., docile à celte
leçon, il détourna fréquemment les yeux, quand on avait su in-
téresser le receveur des pauvres à ne pas voir; comme juge de
police, il admit aussi certaines compositions qui n'étaient peut-
êlre pas dans l'intérêt d'une exacte répression, mais qui tour-
naient au profil de l'hospice. De La Font abandonna le change
d'avances considérables qu'il avait faites, et laissa en outre plus
de quatre mille livres, soit à la maison, soit en aumônes distri-
buées à sa sortie. C'est ainsi que la vanité de la riche bourgeoi-
sie lyonnaise payait les honneurs du rectorat, qui étaient un
marche-pied pour ceux de l'échevinage.
   En 1G87, De La Font fit un dernier voyage en Espagne , où
il conlinuaitde tenir une maison. Grâces à son appui et à son
influence sur la famille de Borgia, il s'était établi à Gandie une
colonie de négociants français qui y avait trouvé protection ,
en sorle que cette ville, avant lui pauvre et d é p e u p l é e , était
devenue en peu d'années très florissante, non sans un grand
produit pour les finances ducales. De La Font fut accueilli
comme un favori par le duc et la duchesse, et comme un père
par toute la nation de France. Après avoir répandu dans la
•ville une somme considérable en bienfaits, il revint à Lyon ,
 accompagnant le jeune Don Louis de Borgia, que ses parenls
 envoyaient voyager en Flandre.
   Après avoir passé par les degrés intermédiaires de courrier
 de Saint-Pierre et de juge à la Conservation, De La Font arriva
 enfin, en 1690, aux honneurs de l'échevinage. On voit dans ses