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                RAVENNES.



 Bénissons, aux confins de la terre latine,
 Sous son voile de deuil, la Rome bysantine,
 Relique dont l'Europe a gardé le trésor,
 Seul reflet d'Orient qui soit à l'Italie,
 Souveraine sans cour dont notre siècle oublie
 Le trône humilié, mais radieux encor.

 D'abord, moins résignée à son jeune veuvage,
 Sans cesse elle pleurait, sur son morne rivage,
Les empereurs, les rois qui furent ses époux :
Aujourd'hui, dans l'amour, la paix qui la caressent,
Dans les brises de mer qui doucement la bercent,
Sans se plaindre, du sort elle subit les coups.

Capitale des Goths, des ducs et des exarques,
Siège du Bas-Empire et des derniers monarques
Qui régnèrent jadis sur le vieil Occident,
Dis-moi quels parfums grecs embaument tes coupoles,
Quelles mains ont bâti tes graves nécropoles,
Quelle gloire illustra ton nom retentissant i

O vous, sacrés abris, marbres et mosaïques
Ruisselant en flots d'or au pied des basiliques,
Ou d'un manteau d'azur tapissant leurs parois,
Parlant aux yeux du peuple une langue sublime,