page suivante »
l68 • JOANNON DE SAINT-LAURENT les savants de tout ordre pour les spéculations métaphy- siques qu'on affecte tant de mépriser aujourd'hui. Le second ouvrage de notre auteur a trait à des matières absolument différentes : il est exclusivement consacré à l'histoire naturelle. A cette époque où il n'existait encore qu'un petit nombre de musées, les particuliers favorisés de la fortune et amis des sciences réunissaient des collections d'objets d'art ou d'histoire naturelle dont l'accès n'était réservé qu'à quelques privilégiés. Tel était le cabinet du chevalier de Bâillon, gentilhomme français, établi à Florence, qui renfermait de véritables merveilles. Joannon eut la bonne fortune de pouvoir les étudier et il publia, non sans encou- rir quelques désagréments de la part de ce collectionneur jaloux, ses remarques personnelles dans un ouvrage ayant pour titre : Description abrégée du fameux cabinet de M. le chevalier de Bâillon pour servir à l'histoire naturelle des pierres précieuses, métaux, minéraux et autres fossiles. Lucques, 1746-7, in-4 0 . « L'arrangement méthodique des fossiles, dit-il, la diversité des sucs pierreux, ci-devant ignorée, leur caractère spécifique, leur configuration propre, la formation des pierres, la colorification (sic) des pierres précieuses, et enfin la voie analytique qu'il faut suivre pour connaître à fond le règne minéral, sont une partie de ces ressources indiquées. » Sous le.titre modeste que nous venons de transcrire, Joannon de Saint-Laurent dotait la science d'alors d'un véritable traité de minéralogie et il avouait plus tard, sans en tirer vanité, qu'il contenait d'importantes observations sur la collection la plus propre qu'il y eut « pour enrichir et éclairer l'histoire naturelle du règne minéral ». Lorsque le président de Brosses visita Florence, il admira le cabinet de Bâillon. Aussi, quatre années après cette publication, Sa Majesté Impériale (l'impératrice Marie-Thérèse), acheta ce