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          •   SUR L'ORIGINE DES ÉGLISES DE FRANCE            357

   La mention de deux églises est formelle : c'est même,
pour le dire en passant, l'unique endroit du document entier
où elle est précise. Désigne-t-elle une Eglise à Lyon et une
Eglise à Vienne? ou bien existait-il, à Lyon même, deux
assemblées chrétiennes, convoquées dans deux lieux distincts,
dans deux maisons privées, comme l'Écriture-Sainte en four-
nit des exemples, du terme et de la chose, à Ephèse, à
Corinthe, à Laodicée, etc. ? Le substantif adverbial Ta evOaSs
signifie-t-il « les choses d'ici et de là-bas », comme le propose
Mgr Bellet, ou exclusivement, ainsi que l'enseigne le dic-
tionnaire, « les choses d'ici. » Le nœud de la difficulté n'est
pas autre part.
    Mgr Bellet le tranche d'après ses idées sur l'existence de
saint Crescent et sa mission paulinienne et il étend ensuite
le fil de la façon suivante : Il y eut, sous Marc-Aurèle, une
violente persécution générale dans les Gaules ; on poursuivit
et on s'empara des fidèles « dans les deux villes à la fois »,
les autorités locales sévirent avec une cruauté implacable;
celles de Vienne amenèrent à Lyon leurs captifs; le même
cachot et les mêmes tortures réunirent l'élite des deux com-
munautés.
    Je m'en excuse auprès de l'honorable écrivain, que je
suis contraint de réfuter, et je le prie de croire à la sincérité
de mon opinion, comme je lui reconnais le droit de formuler
la sienne. Mais, de mon côté, je n'aperçois rien ou à peu près
rien de ce qu'il a vu dans la lettre de nos martyrs. Suis-je
aveugle? prévenu? A force de le lire et de le relire, ai-je
perdu le sens de cet émouvant et éloquent procès-verbal ?
De plus compétents en décideront ; toutefois les commen-
 taires de Mgr Bellet m'étonnent et me déroutent.
  Je ne relève d'abord, nulle part, trace d'une persécution
générale ; il s'agit d'une émeute populaire déchaînée contre

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