page suivante »
98 SAINT NIZ1ER. réprimande que pour la terminer par le plus prompt des pardons. Il fut de plus en plus empressé à exercer les devoirs de l'hospitalité et plus que jamais il vida ses trésors dans les mains des indigents; il ne chercha plus à s'enri- chir, nous dit-on, qu'avec les largesses qu'il distribuait. Il ne touchait pas encore aux premières limites de la vieillesse et déjà les ombres du tombeau l'enveloppaient ; on se promettait de jouir longtemps de ses bienfaits et de ses vertus, tandis que Dieu se préparait à les couronner. Le 2 avril 573 termina brusquement ce ministère si avanta- geux au bien, si cher à la cité et à tout le diocèse. Vingt ans avaient suffi au moins ambitieux et au plus charitable des pontifes pour conquérir, au ciel et dans les cœurs, la plus sûre immortalité. III A peine ce père vénéré des fidèles a-t-il fermé les yeux, que l'opinion publique, n'étant plus retenue par la crainte d'offenser sa modestie, transforma les chants de deuil en des hymnes triomphales et commença, de son propre mou- vement, une canonisation improvisée et enthousiaste. On vante ses mérites, on publie ses aumônes, on rappelle sa complaisance ; on cite ses miracles. Toutes les bouches répètent qu'il fut « un homme d'une sainteté accomplie, d'une exemplaire continence, d'une exquise charité ». Ses prêtres le pleurent et le prient ; ses serviteurs l'ensevelis- sent et l'invoquent comme un intercesseur infaillible. Pen- dant ses funérailles, de la maison où il est mort à cette basilique où il fut enterré, on arrête cent fois le cortège, on écarte les diacres en aubes blanches, on se suspend au