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AUGUSTE BRIZEUX 137 du naturel et de la simplicité, le travail consciencieux et le fini de ses œuvres. Il n'a pas brassé la poésie à pleine cuve ; il a ciselé longtemps son petit écrin de perles, dont toutes, pourtant, ne sont pas de la plus belle eau. Ce qui manque le plus à l'œuvre de Brizeux, c'est d'être chrétienne. Quand il écrivait Marie, il était « sans culte », comme il l'avoue lui-même. S'il voyait en Jésus « son ami le plus doux », il n'y voyait pas un Dieu, mais un philosophe : Philosophe essénien, amoureux des symboles, De sa bouche abondaient de longues paraboles, Des mois mystérieux sous lesquels il couvrait Sa doctrine puisée au lac de Nazareth... ' Les sages écoutaient, mais ils ne croyaient pas. Nous,qu'écouter et croire? Hommeou Christ,oh ! qu'importe ? Il importe souverainement et il y va de toute la religion. Dans la Fleur d'or, le poète présente le christianisme et la foi comme le lait de l'enfant, et la philosophie à laquelle il s'adresse en disant : Sœur de la piété, noble philosophie,, comme le pain de la virilité. Les millions de martyrs de la Ville Eternelle, la majesté de saint Pierre, les sublimes enseignements des Catacombes ne disent rien, absolument rien, au cœur de Brizeux, fermé à toute idée chrétienne. L'art seul le remplit de sa foi, et les hymnes au Père, au Fils et à l'Esprit n'ont de religieux que le nom, au dire de M. de Margerie ( i ) , plus sévère ici que M. Lecigne (2). (1) Etudes littéraires, -p. 309; 1865. (2) Le P. Chervoillot, dans le numéro des Etudes du 20 octobre 1898, ne reproche-t-il pas trop au dernier historien de Brizeux d'avoir laissé