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AUGUSTE BRIZEUX 123
une quinzaine de pièces qui sont faites de rien, ou peu
s'en faut, d'une impression, d'un souvenir : le Livre blanc,
Paris, le Mois d'août, la Chanson de Loïc sous les buissons
verts, l'Elégie de le Brai, Hymne à M. Ingres, Histoire
d'Ivona, les Batelières de l'Odet, A la mémoire de Farcy. Qui
ne connaît les vers délicieux du Convoi de Louise ?
Quand Louise mourut à sa quinzième année,
Fleur des bois par la pluie et le vent moissonnée,
Un cortège nombreux ne suivit pas son deuil;
Un seul prêtre en priant conduisit le cercueil ;
Puis venait un enfant, qui, d'espace en espace,
Aux saintes oraisons répondait à 'voix basse...
Par les taillis couverts,
Les vallons embaumés, les genêts, les blés verts,
Le convoi descendit au lever de l'aurore :
Avec toute sa pompe avril venait d'éclore,
Et couvrait en passant d'une neige de fleurs
Ce cercueil virginal, et le baignait de pleurs;
L'aubépine avait pris sa robe rose et blanche.
Un bourgeon étoile tremblait à chaque branche :
Ce n'étaient que parfums et concerts infinis;
Tous les oiseaux chantaient sur les bords de leurs nids.
Sainte-Beuve avait donc raison de dire dans la Revue des
Deux Mondes, en 1841 : « Marie dans sa troisième forme
est la perfection même Elle n'a plus qu'à rester comme
cela, sans une épingle de plus ou de moins, et à vivre
Marie est le livre poétique le plus virginal de notre temps;
c'est même le seul véritablement tel que je connaisse. Aux
jeunes filles, quel autre à donner, je vous prie? Si elles
s'appellent Marie, il leur revient de droit, avec un bouquet
de fleurs blanches, J'en ai vu un exemplaire aux mains de