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JOANNON DE SAINT-LAURENT 237 Avec ses: tribunes et ses balcons, formant galerie des deux côtés, elle était peu sonore. En appliquant les principes de physique sur l'écho à ce problème d'acoustique, Laurent Joannon reconnut que les balcons et les tribunes rompaient les ondes (rayons) sonores et détruisaient un seizième du son produit. Il formulait le vœu qu'on remplaçât le pla- fond par une voûte qui offrirait une matière compacte unie et peu poreuse, et qu'on abattit la corniche qui le supporte. Les principes qu'il développa à cette occasion sur l'échométrie peuvent s'appliquer à la forme de toutes les' salles de spectacle et de concert. Dans un Discours sur l'Harmonie, dissertation pleine d'érudition et de traits piquants, Joannon, après avoir fait connaître les travaux antérieurs de Zarlino de Chioggia/ cherche la notation du chant du rossignol, celui du coq qui est une loure, celui de la poule chantant un mouve- ment à quatre temps, ceux de la caille à trois temps et du coucou à deux temps graves. Puis il entre dans des détails de technique sur la production des tonalités harmoniques. Se trouvant à table avec quelques amis, et la séance se prolongeant, l'ennui fit porter à l.'auteur le doigt sur le bord de son verre ; il en tira des sons plus ou moins aigus, sui- vant que le verre fut plus ou moins plein, et ayant réfléchi sur cet effet : « J'ai trouvé, dit-il, dans la même proportion de la corde de Rameau, tout le système de l'harmonie dans mon verre (1) ». Cette phrase, dit le savant Delan^ dine, auquel nous empruntons ces extraits, a été écrite vers l'année. 1739, et on sait que l'invention de l'harmonica est (1) Discours sur l'harmonie, t. II, p. 474. Monuments sur la musique, n° 965.