page suivante »
I40 AUGUSTE BRIZEUX Croyez qu'il sera doux de voir un jour peut-être'. Vos fils étudier sous voire bon vieux maître, Dans l'église avec vous chanter au même banc Et jouer à . la porte 0 l'on jouait enfant. Ce qui honoré encore Brizeux, c'est qu'à part quelques vers où il parle de « regards tout chargés de mollesse, du cœur et des sens qui s'éveillent ensemble », il n'y a rien, dans le recueil de ses poèmes, « qui fasse monter le rouge au front ». C'est à la religion de sa mère qu'il le doit. Il avait juré De n'aimer ici-bas que les plus douces choses6 \ De se nourrir du beau, comme du suc dés roses L'abeille se nourrit. Il est demeuré fidèle à son serment. « Pendant que d'autres cueillaient les fleurs du mal, disait Renan devant sa statue, lui, il n'aima que les fleurs du bien. » Comme « la jeune fille noyée de Lanildut », Annaïk, qui, surprise par les flots au moment où elle péchait sur la grève, se montra fidèle à la Bretagne jusque dans la mort, et, dénouant ses cheveux, les attacha aux goémons qui pendaient sur la roche, pour ne pas être emportée par la houle et reposer près des siens, dans la terre bénite, de même Brizeux, dans le naufrage de ses croyances, s'est attaché à la pureté de l'art, dont sa mère si chrétienne lui avait appris l'amour, et l'art français, reconnaissant, gardera du poète, si malheureux dans ses angoisses d'incroyant, un souvenir ému, avec le culte de ces fleurs, embaumées du parfum de la terre d'Armo- rique : Marie, les Bretons, la Fleur d'or, les Histoires poétiques, Primel et Nola. Ce sera l'honneur de M. l'abbé Lecigne de nous avoir fait respirer mieux que personne ce parfum sain et pur,