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                        AUGUSTE BRIZEUX                       IJ9

       Se tenaient sur la grève h regarder, les lames ;
       « Ah ! disaient-ils, la mer est rude, le vent fort,
       « El le prêtre chez vous ne viendra pas encorl »
       Ensuite, ils reprenaient d'un air plein de iristesst :
       « Ceux de Houad sont heureux ; ils ont toujours la messe. »
       Et sans plus espérer, graves, silencieux,
       Sur leur île jumelle ils attachaient'les yeux :'
     _ « A-genoux, dit soudain le chef. Voici quon hisse
       « Le pavillon de Dieu : c'est l'heure de l'office. »
 '     Alors vous auriez vu tous ces braves matelots
       Ces femmes, ces enfants priant le long des flots...
       Les îles se parlaient.

   Certes, cette messe entendue de loin, ces prières passant
par-dessus les vagues agitées, en face de l'infini des flots et
de l'infini du ciel, voilà une «toile superbe, digne des plus
grands maîtres ».
   Pourquoi faut-il que l'auteur, élevé au milieu d'un peuple
« monarchique, catholique et soldat », comme le disait un
jour en Bretagne Napoléon III, ait perdu la plus belle part
de son âme de breton, la foi catholique ? Du moins, il nous
donne à tous le moyen d'éviter ce malheur :

       Oh ! ne quittez jamais, c'est moi qui vous le dis,
       Le devant de la porte où l'on jouait jadis,
       L'église où tout enfant et d'une voix légère
       Vous chantiez à la messe auprès de votre mère,
       Et la petite école où, traînant chaque pas,
       Vous alliez le matin, oh ! ne la quittez pas 1
       Car une fois perdu dans ces capitales,
       Ces immenses Paris aux tourmentes fatales,
       Repos, fraîche gaîté, tout y vient s'engloutir,
       Et vous les maudissez sans en pouvoir sertir.