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                        SAINT NIZIER                        99

brancard funèbre pour contempler ses traits une dernière
fois, baiser son vêtement et obtenir des guérisons déses-
pérées. On n'assista jamais à une explosion de regrets plus
universels et nulle part le culte d'une mémoire sacrée ne
fut inauguré par un accord plus sincère et plus touchant de
toutes les classes des citoyens.
   Mais cette popularité, loin de cesser après la fermeture
du tombeau, redoubla d'année en année et s'accrut de pro-
diges en prodiges. Il n'y aurait aucune exagération, je
pense, à la comparer, au moins pour nos contrées, au con-
cours et aux merveilles dont la basilique martinienne de
Tours était le théâtre. Nos ancêtres possédaient aussi leur
thaumaturge, Lyon et la province le palladium de leur
sécurité et de leur bien-être. Le pontife compatissant, qui
n'avait pas su repousser les bras qui se tendaient vers lui,
ni se montrer insensible aux misères qu'il rencontrait
son chemin, désormais entré dans la gloire de son é t e ^ n ? " ' *^X
voulait être plus favorable encore aux suppliants et te jbiïsOl» jjj
les renvoyer, sans avoir allégé leurs maux et i'épo\&y||— <^y
leurs prières. De toutes parts on accourait vers lui chercnêT"
sa délivrance, un terme à d'incurables infirmités, le calme
pour des esprits en fureur, le remède à des convulsions
douloureuses, la vigueur pour des membres languissants.
    Un témoin contemporain a rapporté que des multitudes
 immenses affluaient auprès de ces cendres bienfaisantes,
 comme un bourdonnant essaim d'abeilles vole autour de sa
 ruche. Chacun se pressait pour emporter quelques gouttes
 de la cire dérobée aux cierges qui brûlaient à l'entour, ou
 bien de la poussière prise à la pierre sépulcrale, quelques fils
 des étoffes d'or et de soie qui la recouvraient. Les dévots
 semaient le parvis d'herbes odoriférantes et de verdure
 fraîche ; les captifs abandonnaient leurs chaînes rompues