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 100                      SAINT NIZ1ER

 et la masse de ces lourds anneaux, qui avaient étranglé le
 col de ces malheureux, meurtri leurs chevilles et leurs poi-
 gnets, s'élevait comme une pyramide de fer, ex-voto terri-
 ble et touchant à la fois. Des lampes ardentes descendaient
 de la voûte, et on fut étonné, en plus d'une rencontre, de
 les voir brûler durant toute une quarantaine, sans qu'il fût
 nécessaire de renouveler l'huile qui ne s'épuisait pas, ni la
 mèche qui n'était pas consumée.
    Cependant les manifestations surnaturelles se renouve-
 laient sous le regard des assistants agenouillés, criant leur
 misère et mêlant, dans une confusion inexprimable, leurs
 plaintes et leurs cantiques d'allégresse. Les boiteux repre-
 naient l'usage de leurs jambes, les aveugles la lumière de
 leurs yeux. Les paralytiques étaient redressés, les fiévreux
 apaisés, les énergumènes délivrés, les démoniaques rendus
 à eux-mêmes. Le prêtre Jean atteste, sous serment, à
 Grégoire de Tours qu'en sa présence trois personnes avaient
recouvré la vue et le diacre Aigulfe, revenant d'un pèleri-
nage à Rome et à Constantinople, après avoir visité le saint
tombeau et avoir assisté aux édifiantes scènes qui s'y dérou-
laient, se répétait à lui-même : « J'ai bravé la fureur des
flots, je suis descendu dans les cryptes des martyrs de l'Orient,
mais dans le trésor que je rapporte, je n'aurai rien de plus
précieux que les reliques de ce saint confesseur de nos
Gaules. »
   Le bruit de cette puissance extraordinaire se répandit au
loin et bientôt les clients de saint Nizier se propagèrent dans
tous les lieux où l'on eut la bonne fortune de posséder et
d'honorer un peu de ses dépouilles.
   Sa ville natale fut la première à bénéficier d'un présent
aussi envié. Genève le reçut au chant des psaumes ; on le
porta' en procession avec la plus pompeuse cérémonie ; à tant