page suivante »
48 AUGUSTE BRIZEUX Veuillot, il ait renvoyé le prêtre au lendemain, qu'il ne devait pas voir. Que n'était-il allé mourir là -bas, près de la maison du Moustoir, du pont Kerlô, de la lande fleurie, de l'église de sa mère, sur le sol de cette religieuse Bretagne, qu'il identifiait avec l'immortelle patrie et où il devait dormit- son dernier sommeil ! Brizeux, tel que nous le montrent sa vie et sa corres- pondance, n'était pas un penseur comme Alfred de Vigny, mais un rêveur épris d'idéal, une âme sensible, tendre, délicate et profonde : c'est de là que lui est venu, non pas son génie, — il n'en a point, — mais son talent original. La philosophie esthétique de Brizeux, qui s'est formée sous différentes influences, influence du Romantisme, à Paris, influence des voyages en Italie, influence de la Bre- tagne, influence de Pétrarque, de Dante, de Shakespeare, des Lakistes, se ramène à cette formule idéaliste : l'Art pour le Beau ; il l'a exprimée par une image magnifique : Le Beau, c'est vers le Bien le chemin radieux ; C'est le vêlement d'or qui le pare à nos yeux (1) : Il dit encore : Au prêtre d'enseigner les choses immortelles ; Poète, ton devoir est de les rendre belles (2) La philosophie religieuse de Brizeux, c'est le récit des efforts qu'il fait pour échapper au scepticisme et au doute, (1) Marie. (2) Poétique nouvelle,