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                           AUGUSTE BRIZEUX                    49

qui le poursuit depuis le moment où il a renoncé à la foi
de sa mère :
     Et moi, ici qu'un aveugle aux murs tendant la main,
     A tcitons dans la nuit je cherchais mon chemin ( i ) .

   Il ne trouve guère « qu'un flux et un reflux perpétuel de
la foi au doute et du doute à la foi ; de beaux regrets pour
celle-ci, des prédilections pour celui-là, un seeptisme irré-
solu, qui n'a même pas conscience de lui-même et se
déguise mal sous de lyriques abstractions, une sorte de
philosophie naturelle où surnagent çà et. là des réminis-
cences divines du catholicisme, amour, charité, poésie du
culte, un formulaire assez vague que M. Cousin et Sainte-
Beuve lui-même à certaines heures n'eussent pas refusé de
signer » (2).
   La philosophie morale de Brizeux est plus ferme :
   Dans ton intérêt ne le corromps pas...
   Aux autres il faut croire ; il faut croire à soi-même,
   Pour qu'on nous aime, aimer, aimer sans qu'on nous aime (3).

   M. Lecigne a raison de reconnaître que l'imagination de
Brizeux « manque de souplesse dans les sujets de passion
et de sentiment, de puissance dans le poème philosophique ».
Elle était, dit M. Allais, « comme réfractaire à l'étonnante
magie de la couleur ». Elle n'a pas compris les radieuses
contrées du soleil et de la belle lumière, que le poète aimait
tant à parcourir en Italie.
   Ce penseur médiocre, tantôt platonicien, tantôt pan*


  (1) Marie.
  (2) Lecigne, p. 420.
  (3). La Fleur d'or.
    N» 1. —Juillet 1899.