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                       ANTOINE DU VERDIF.R                        169

Duerne, le 25 septembre 1600 (1), âgé d'un peu moins de
56 ans, « au regret de beaucoup de gens d'honneur ».
   Il ne faut pas grandir le rôle de du Verdier, ni surfaire le
mérite de son oeuvre, et on sourit en lisant aujourd'hui les
stances hyperboliques écrites par l'avocat Corbin au lende-
main de sa mort :

      O digne et grand esprit, le plus beau des esprits,
      Noble en cœur et doctrine, exemple à la noblesse,
      Tu ne mourras jamais et tu vivras sans cesse
      Dans le ciel, en nostre âme et dans tes beaux escrits.
          Les siècles d'après nous nous jugeront heureux
      Pour t'estre familiers, pour avoir veu ta face, etc. (2).

    Antoine du Verdier n'est pas, à beaucoup près, un grand
homme, mais c'est beaucoup plus qu'unhommequelconque.
Il a creusé son sillon laborieusement, un peu pesamment ;
il a rempli avec honneur des emplois de quelque importance,
il s'est élevé fort au-dessus «de la condition où il était né;
fils de paysans et de négociants, il a monté jusqu'à la
noblesse, où toutefois il a tenu une place incertaine et
contestée. La raideur de son caractère, si elle a été très
désagréable à ceux qui ont eu commerce avec lui, n'est pas
absolument pour nous déplaire, car elle partait'd'une cer-
taine fierté indomptable, et du sentiment de ce qu'il valait. 11
a du moins vécu honnêtement, avec dignité, embellissant sa
vie par le goût des arts et l'amour des lettres ; tous ses
écrits témoignent de sentiments élevés, avec une liberté
assez crue delangage, et unepointede licence gauloise pour
lesquelles nous demandons indulgence. Il était serviablè,


  (1) Prosopograplrie, édit. de 1603, t. III, p. 2602.
  (2) Prosopograplrie, édit. de 1603, en tête du t. III.