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LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE I43 46 Mardi 10 août 1841. MES CHERS PARENTS, Je n'ai pas pu voir M. Berthaut avant son départ, et voilà pourquoi vous avez vainement attendu la lettre que je vous promettais dans celle queSimoneta dû vous remettre. Aujourd'hui je me dédommage en vous écrivant par Domeck qui partira, je crois, après-demain, immédiatement après le concours. Il ne pourra pas vous parler de moi, car il y a bien longtemps que je ne l'ai vu, et aussi, je ne sais pas du tout où il en est de ses espérances, ni si ses compositions ont réussi. Je puis vous annoncer d'avance que Butillon est admissible; M. Duhamel de l'Institut, un des examinateurs, le lui a dit formellement, et à moins d'un malheur peu probable, il sera reçu dans un bon rang, à présent c'est à mon tour. Ah ! mes chers parents, je me hâte vite de vous embrasser bien fort pendant que j'ai encore l'esprit libre, dans dix jours je serai dans un fier embarras ! Je ne sais si je vous ai dit que nous avions reçu nos lettres ministérielles qui nous autorisent à nous présenter. Le samedi 21, on fait l'appel; et les compositions commenceront le dimanche, ou peut-être le lundi. Il y a 44 concurrents, pour huit pla- ces ; c'est-à -dire que pour être reçu le huitième et le dernier, il faut passer sur le corps de 36 gaillards qui ne demande- raient pas mieux que de passer eux-mêmes. Enfin Dieu réglera tout cela, et ce qu'il fera sera bien fait. Je tra- vaille ces derniers jours sans me fatiguer. Je complète ma