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                  LETTRES DE L'ÉCOLE NORMALE                   I4T

constitué, une âme assez décidée, des parents comme vous,
quelques bons amis, je ne puis pas très bien vivre, et même
être heureux sans être agrégé? Je me réponds toujours oui,
et en effet, après que j'aurai fait ce que je puis et dois faire,
et que Dieu aura jugé, quelle que soit sa décision, je me con-
solerai très bien, et je me mettrai à travailler sur nouveaux
frais, sans avoir un moment de découragement ni de véri-
table tristesse.
   Je suis bien aise que M. de Prandière ait été vous voir.
Vous aurez jugé que c'est un excellent homme. Mon
père exagère l'honneur qui me revient de mes classes à
Louis-le-Grand. Despois lui aussi en a fait; seulement il
s'est trouvé qu'il n'en a eu qu'une et moi deux, mais
c'est sans importance. Ce brave Despois passe ses journées
sur PAlmanach de l'Université pour savoir le trou où l'on
va le mettre. Du reste, en troisième année, c'est la préoc-
cupation générale. Saint-Etienne est la bête noire, et jamais
on a dit tant de mal de cette pauvre ville. Si les Stéphanois
savaient comme on les traite, ils iraient tous demander des
répétitions à nos pauvres camarades, mais ils n'ont point
de cœur. Pontivy n'est pas non plus très estimé. On nous
 menace d'ériger en collège royal Alençon, puis Troyes et
 Saint-Omer : c'est nous dire qu'on nous creuse des tom-
beaux; mais, après tout, nargue des fossoyeurs. Ah! cher
M. Dubois, que vous seriez aimable, que je vous aimerais,
comme je dirais du bien de vous, si vous me renvoyiez à
mes chers concitoyens ! Quinze cents francs et Lyon, et je
suis le plus reconnaissant des hommes, je saurai bien com-
 bler tout seul le vide de ma bourse, et ce sera pure écono-
 mie pour le gouvernement.
   Je ne sais vraiment pas s'il faut aller voir le Proviseur.
J'y penserai ces jours-ci, et je vous dirai ce qui m'aura
  N° 2. — Août 1897.                                      JQ