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Il8                     LE BIBLIOGRAPHE

du Maine. Tous deux ont d'énormes lacunes, et, même
en les complétant l'un par l'autre, sont bien loin de nous
donner l'état complet de la librairie française jusqu'en 1585;
tous deux ont suivi l'ordre alphabétique des auteurs par
leurs prénoms, défaut plus grave chez du Verdie'r, qui n'a
pas ajouté à son livre, comme La Croix, une liste alphabé-
tique des noms propres. Du Verdier a surchargé le sien
d'extraits prolixes, ordinairement inutiles, choisis avec un
goût médiocre (1), et qui souvent ne sont qu'une complai-
sance pour d'obscurs écrivains. Ses jugements sont quel-
quefois singuliers; il trouvera que Villon est un « goffe
ouvrier » et que ses vers ne valent rien, mais il louera
fort Jacques Hyver d'avoir trouvé ce joli titre: Le Printemps
d'Yver !
   Cependant, tout compensé, la Bibliothèque de du Verdier
me paraît très supérieure à celle de La Croix. Il se garde
d'insérer les listes de livres suspectes et dont il n'a pu
vérifier l'exactitude ; il catalogue les livres anonymes, les
traductions françaises d'ouvrages écrits dans une autre
langue, ancienne ou étrangère: il a surtout l'avantage d'in-
diquer avec assez de précision le titre des livres, leurs date,
lieu d'impression et format, tandis que les mentions de
La Croix sont souvent si incertaines, qu'on voit à peine
de quoi il est question.Si la liste qu'il a donnée des manus-
crits français conservés dans les cabinets des curieux est
nécessairement très sommaire, il faut cependant lui savoir
gré de nous avoir transmis sur ce sujet quelques renseigne-
ments (2). Son livre a surtout un grand prix pour lesimpres-


  (1) Un de ces extraits est même indécent (voy. p. 891).
  {2) Les manuscrits qu'il mentionne appartenaient en grande partie
à la bibliothèque de la Bastie d'Urfé et à la bibliothèque lyonnaise
du capitaine Sala.