page suivante »
62 HENRI H1GNARD 36 Vendredi 12 mars 1841. En vérité, mes chers parents, combien y a t-il de siècles que je ne vous ai pas écrit ? C'est la première fois depuis que je suis à l'école que j'ai tardé si longtemps, et ce qui m'afflige encore plus, c'est que, pendant ce mois, vous avez été malade, qu'une lettre vous aurait fait plaisir, et que votre inquiétude à mon sujet vous a attristés encore davan- tage. Pardonnez-moi, mon cher Père et ma bonne mère, ce retard ; j'espère bien qu'il ne se renouvellera plus ; et en voici les raisons : c'est que je n'ai pu remettre qu'hier les lettres que vous m'avez envoyées pour M. Sauzet et pour M. d'Angeville,et que je différais toujours pour vous écrire jusqu'au moment où je pourrais vous apprendre le résultat de ces deux visites. Pour M. d'Angeville surtout c'était bien tard, mais il m'avait été impossible de le faire auparavant, on ne le trouve jamais chez lui, et hier il n'a pu me parler que pen- dant une ou deux minutes. Me voilà à pester contre la poste qui ne vous portera cette lettre que dans trois mortelles journées, tandis que je voudrais qu'elle vous arrivât si tôt, pour retenir sur vos lèvres quelques plaintes contre ma négligence. J'ai reçu avant-hier soir la lettre de M. Jambon, et je vous en remercie encore. J'ai été deux fois dans la soirée chez M. Humblot, sans pouvoir le rencontrer, mais il paraît que je le trouverai sans faute dimanche à 10 heures.