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AVrOlNK DU VhHDIEK 19 à propos du Mysopolème, que du Verdier est un mauvais poète. Je suis loin d'y contredire; mais quand on rapproche ses vers ou sa prose de la langue de presque tous ses con- temporains, il semble que son style ne manque, par comparaison, ni de simplicité, ni de saveur, ni de goût. Mis en verve par cette première attaque, du Verdier revint à la charge à la fin de cette même année 1568 en publiant à Lyon, chez Benoît Rigaud, les Antithèses de la paix et de la guerre, sur le bruit qui court. Le thème était bien usé : la paix est un présent du ciel ; la guerre vient droit des enfers, d'où elle nous amène barbarie, brigandage, ignorance, impiété, misère ; le tout est appuyé d'exemples empruntés à l'histoire des antiques cités que la guerre a détruites. Mais ces idées si rebattues suggèrent à du Verdier quelques accents d'un sincère patriotisme, et il prend la liberté, lui obscur et sans nom, d'adresser des remontrances ou de donner des conseils au peuple français, aux prélats, à la noblesse, au roi lui-même. Si la nation ne sait comment user son ardeur guerrière, qu'elle se jette sur l'ennemi séculaire, sur le Turc toujours menaçant devant la chré- tienté. Ses Antithèses étaient à peine publiées, que du Verdier écrivit les Omonimes, satire des mœurs corrompues de ce siècle; ce poème fut achevé dès le 10 février 1569 (1), bien qu'il n'ait été donné au public par l'imprimeur lyonnais Antoine Gryphe qu'en 1572. C'était encore une leçon très libre aux classe"s supérieures de la société. Mais on est assez surpris que, par une dissonance choquante entre le fond et la forme, l'auteur ait fait choix d'un genre littéraire puéril, pauvre amusement de bel esprit; car la loi des vers omonymes est (1) Préface au lecteur.