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ANTOINE DU VERDIER J$ Sans en faire un reproche à du Verdier, on voit percer ici l'homme pratique, fils de paysans et de bourgeois, qui, tout en aimant bien les lettres, ne sera pas fâché d'en tirer d'honnêtes bénéfices. La famille essaya de faire quelque chose du pauvre jou- venceau qui allait se perdre par ses goûts ridicules et rui- neux pour les paperasses. Un mot de la Prosopographie (i) nous apprend qu'Antoine fut à Rome à la suite du car- dinal du Bellay ; fait singulier si on pense à l'obscurité des Verdier, et à la grande jeunesse d'Antoine. Le cardinal aimait à s'entourer de savants et de lettrés, et on sait qu'il protégea Rabelais. Mais comment du Verdier, né dans la petite bourgeoisie provinciale, que rien encore n'avait pu faire connaître, et très jeune puisque du Bellay mourut à Rome le 16 février 1560, fut-il admis à une telle faveur? C'est, je pense, la maison d'Urfé, très puissante au xvt" siè- cle, et avec laquelle Du Verdier eut les relations les plus familières (2), qui, sur les instances de la famille, ména- gea ce voyage à Antoine. Ses parents y voyaient le com- mencement et les promesses d'une belle fortune; Antoine y vit surtout l'occasion de visiter l'Italie, cette Italie fameuse, alors seconde patrie de tous les gens de lettres. Les détails longs et précis qu'il a donnés sur la topographie de la ville de Rome me donnent à croire qu'il y avait longtemps séjourné (3} et peut-être a-t-il vu lui-même à Milan, à Florence et à Naples divers manuscrits latins, dont il a fait mention dans le supplément à la Bibliothèque de Gesner. (1) Edition de 1603,p. 2.452. (2) Div. Leçons, dédicace ; Doctes et subtiles Responses, dédicace ; Biblio- thèque, p . 4 3 , zipassim. (3) Div.Leçons, 1, VI, chap. V et Vi.