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294                PROMENADE AU SALON

 arrivé à l'âge où, dit-on, le diable se fait ermite, et qu'il
 nous peint avec une tête d'enfant de chœur.
    Si dans un portrait la ressemblance était tout, celui de
 M. de G. (s 5 8), par M. Jacques Martin, de loin, serait un
 chet-d'œuvre ; mais gardez-vous d'approcher. La tête est en
 baudruche; il n'y pas d'os là-dessous; j'allais dire : pas
 de cervelle. Quant aux mains, comme le peintre ne sait
pas dessiner et que, si l'on peut donner l'impression d'un
visage, il n'en est pas de même pour les mains, M. Martin
les a supprimées.
   M. Mazeran, lui, sait dessiner ; mais pourquoi, en regar-
dant ses tableaux, se figure-t-on voir des personnages
moulés en carton pâte ? Eût-il été bien plus difficile de les
faire comme ils sont réellement ? Pour « figer » ainsi
Mmes B. K. et S. G. (575 et 576), l'artiste a dû se donner
beaucoup de mal, et leurs amis ne doivent guère lui en être
reconnaissants.
   Avec M. Tollet, portrait de Mme T. (818), c'est autre
chose, sans être mieux. Le peintre n'était pas dans ses bons
jours, et la dame à qui il a dit : « Ne bougeons plus ! »
s'ennuie visiblement sur la sellette. Tout est raide, jusqu'au
coloris.
   Devons-nous comprendre dans les portraits une tête
de femme (329), de M. Faivre-Duffer, et une tête de
jeune fille, Yvonne (512), de M. Lefebvre ? La première de
ces toiles a un air de parenté avec celle que M. Jean
Gigoux nous envoyait, il y a deux ans. Comme le peintre
bisontin, M. Faivre-Duffer n'est plus jeune. Tous deux
cependant ont l'inspiration fraîche et le pinceau léger.
Mais un peu de mièvrerie, de langueur dans le bas du
visage, et de fièvre au regard, est le partage ordinaire des
enfants de vieillards.