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                         JOSEPHIN     SOULARY                                     209

   Cher et doux poète, dans les hommages qui vous ont été rendus
depuis le moment où l'on a connu votre mort, dans les éloges que l'on
vient de faire de votre existence et de votre oeuvre, on vous a montré
tel que vous avez passé dans la vie, bienfaisant et doux, généreux et
tendre, portant au front l'étoile du génie, cette étoile dont la flamme
nous attirait et qui nous a incessamment guidés.
   Qui dira le nombre de ceux en qui vous avez fait naître les saints
enthousiasmes de l'amitié filiale et de la poésie ; qui saura jamais com-
bien de milliers de fils mystérieux enchaînaient des coeurs à votre cœur,
à ce grand cceur qui a cessé de battre !...
   Et toi, petite Patrie, beau village de Lyon qu'il a tant aimé, toi qui
viens de lui rendre des honneurs que tu ne prodigues pas, apporte-lui
tes palmes glorieuses ; mais fais plus encore : fais tout ce que tu dois
pour qu'un tel nom, pour qu'une telle mémoire ne périssent pas dans
le souvenir des hommes oublieux.
   Sache glorifier, comme il le mérite, ce compagnon dans la vie autre-
fois, et dans la tombe maintenant, où ils sont couchés l'un près de
l'autre, d'un autre de tes enfants : Pierre Dupont.
   Honore-toi en élevant un monument digne de lui à ce Meissonnier
de la poésie, car il fut bien l'égal, avec sa plume d'or, du peintre
illustre, aussi ton fils, qui l'a précédé de quelques semaines dans l'im-
mortalité. Glorifie ton poète, il l'a bien mérité.
   Adieu, maître béni, immortel poète dont l'œuvre est grande dans
notre esprit, dont les vertus et la tendresse ont pour dépôt des milliers
de cœurs : adieu !



                 SONNET DE M. AUGUSTE VETTARD


            A JOSÉPHIN      SOULARY,       SUR SA         TOMBE.

                                           le peintre et le poète
                                  Laissant, en expirant, d'immortels héritiers,
                                 Jamais l'affreuse nuit ne les prend tout entiers.
                                                            A. DE MUSSET.

         0 barde, ta pensée, en repliant son aile,
         Aimait à rapporter de son vaste horizon
         Les feux du diamant dont Vaurore étincelle
         Et les faisait jaillir d'une étroite prison.