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RÊVERIES D'UN SONGE-CREUX 3él C'est le dévouement, le sacrifice, qui embellit la vie humaine. Mais peu importe d'ailleurs que chacun, suivant son sexe, sa position, ses capacités, le pratique au profit d'un seul, de plusieurs ou de tous. Au point de vue de la gloire qui s'y attache, il y a une différence ; il n'y en a pas au point de vue du mérite moral. Se dévouer pour une collectivité vaut mieux que se dévouer pour un individu, ne fût-ce qu'à ce point de vue que l'ingratitude de la collectivité surprend et attriste moins que celle de l'individu. * Il est certain que le seul fait d'arriver à la maturité, même sans se perfectionner moralement, amène un besoin plus grand d'être utile au prochain, de trouver un intérêt à la vie en dehors d'elle, et tout autre que ce plaisir de vivre pouï soi, de vivre pour vivre, qui suffit à la jeunesse. Presque toujours, la jeunesse ou au moins l'adolescence, par le prix qu'elle attache à la vie, par les espérances qu'elle fonde sur l'avenir, par la confiance qu'elle a dans ses pro- pres forces, nous donne un égoïsme, une ambition que les désillusions de la vie nous enlèvent bien vite. ¥ * A mesure qu'on est plus gagné par l'âge ou la maladie et que l'on approche de la mort, on cherche moins à se per- fectionner et on cherche plus à produire, à produire quelque chose d'en dehors de soi qui ne sombre pas avec