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                            DE S A VIGNY               28l

pour l'acquit de leur conscience, devoir prévenir les Admi-
nistrateurs du dictrict, que si l'on en retarde encore la
vente, il n'en restera bientôt plus à vendre que les empla-
cements.
   Parmi les démolisseurs dont les noms reviennent le plus
souvent dans les procès-verbaux, il en est quelques-uns qui
méritent une mention spéciale. Joseph G*** est un de ces
jacobins qui croient fermement que la Révolution a été faite
pour leur permettre de s'enrichir par tous les moyens pos-
sibles. Ancien pensionnaire de la prison de Bicêtre, il
fait profession de commettre des actes de brigandage. Il
établit son domicile dans le bâtiment du doyenné de Lanay,
dépendant de l'ancienne abbaye, et dans ce repaire, il
accumule le produit de ses rapines (5). Son habitude est
d'adresser des injures et des menaces aux gens qui le
gênent dans l'exercice de son métier. Un jour le procureur
de la commune l'ayant surpris au moment où il transportait
des pierres volées, et lui ayant fait ses remontrances,
G*** lui répond qu'il se moque de lui, que la guerre civile
est prête à éclater dans toutes les parties de la République
(c'était le 30 août 1793, le lendemain de l'insurrection
lyonnaise), qu'il peut tout faire impunément, que les auto-
rités n'ont plus de force, qu'au 'reste dans tous les cas il
aurait à faire à lui (6).
   Ayant été requis par des officiers municipaux de porter
en lieu sûr une poutre presque détachée du mur, il
refuse (7) et allègue pour sa raison qu'il a vendu cette
poutre pour son compte et qu'on doit le soir même lui en


  (5) Délib. du 4 nivôse, an III.
  (6) Délib. du 30 août 1793.
  (7) Délib. du 14 niv., an III.