Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
24O                   UN KPISODE LYONXAIS

    En cette extrémité, par bonheur, Raoul de Gaucourt
avait quelque argent, les Etats du Dauphiné lui ayant voté,
dans leur réunion de la Côte-Saint-André, un subside de
50,000 florins pour la défense de la province. Quant à
Humbert de Grôlée, il lui vint juste à point l'idée ingé-
nieuse, l'idée de génie qui devait décider des événements
en procurant, contre l'or du gouverneur, les renforts dont
on avait un si impérieux besoin. Dès que Grôlée eut com-
muniqué son plan à Gaucourt, tous deux partirent secrè-
tement. Ils n'avaient dit à aucun de leurs lieutenants où ils
se rendaient. Ils avaient poussé la précaution jusqu'à se
dépouiller de leurs armes. Mis comme des gens qui vont
faire une partie de campagne, ils avaient pris, sans être
remarqués de personne, le chemin d'Annonay.
   Aux environs de cette ville se trouvaient alors, vivant de
rapines, les compagnies d'aventuriers d'un capitaine espa-
gnol, nommé Rodriguez de Villandrando (6).
   C'est une figure bien xve siècle que celle de ce person-
nage. Issu d'une famille noble de Valladolid, ancien étudiant
de l'Université de cette ville, très lettré pour son temps, le
goût des aventures avait fait de lui un soldat, puis un chef
de bandits, puis un véritable homme de guerre, non moins
remarquable par la discipline qu'il exigeait de ses troupes
que pour le coup d'œil et le sang-froid dont il faisait per-
sonnellement preuve sur les champs de bataille. Certes tout
n'était pas irréprochable dans son passé. Dans le midi, dans
le centre de la France, même dans les campagnes du



  (6) Quicherat. Rodrigue de Villandrando, p. 42 et suiv. Nous faisons
au savant ouvrage du directeur de l'École des Chartes de nombreux
emprunts dans cette partie de notre récit.