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37^ LA BOUCLE D'OR exactement avec l'époque où André Michel s'est mis à vivre avec la chanteuse; d'autre part, la vie d'aventures des deux artistes et leur départ de Lyon n'expliquent que trop l'aban- don de l'enfant. La Garite, sa sœur !... Ainsi, c'est donc vrai que ces choses-là peuvent arriver, et les drames de Bouchardy, auxquels Jean assista quelquefois, anxieux et terrifié, ne feraient donc que mettre sur la scène des faits de la vie possible et réelle ! « Cependant, reprend M. Bonin, en pressant affectueu- sement les deux mains du jeune homme, il reste encore un point douteux pour Mm= Bonin et pour moi, et c'est afin de m'en expliquer avec la nourrice que je suis venu ici. — Eh ! certes oui, riposta Jean, avec une vivacité fébrile, sait-on jamais ce qu'il faut croire en ces sortes d'affaires? Cette chanteuse, une femme de rien, a bien pu faire endosser à mon père une paternité qu'elle serait fort en peine d'éta- blir. Et puis, ces enfants exposés, qui prouve leur identité ? A l'hospice, en nourrice, que d'erreurs doivent se pro- duire! » Il marchait, en gesticulant et en élevant le ton. Tout à coup, plus rapproché de M. Bonin, il dit à mi-voix : « Après tout, le secret ne serait pas bien difficile à garder entre nous. Que la Garite ne sache rien, je l'épouse, et alors, que nous importe le reste! » Mais il s'arrêta, honteux de telles paroles, et se mit à pleurer, à genoux, devant son lit, cachant sa tête dans les couvertures, comme pour enfouir sa honte, après ce qui vient de lui échapper. Lorsqu'il se releva : « Oubliez ces derniers mots, M. Bonin, et que Dieu me les pardonne ! » Pendant toute cette première partie de l'entretien, Jean n'avait même pas songé à demander si l'on savait ce qu'é- tait devenu son père. A la question qu'il fit enfin, M. Bonin