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SOO LE PAGE DU BARON DES ADRETS.
dur et sauvage que les fatigues de la guerre avaient
ridé, et l'oeil, si souvent illuminé par la colère, ne
lançait plus ces éclairs dont on avait tant de peine Ã
supporter l'éclat.
Blancon vint rendre compte de l'état de la cité et
Beaumont lui fit part de nouveaux et singuliers pro-
jets.
Entre la place de Notre-Dame-de-Confort, cœur in-
dustriel de la ville, et les prés de Belle-Cour où cam-
pait l'artillerie des huguenots, il n'v avait de communi-
cation que par le chemin humide et mal fréquenté du
Bourg-Chanin , ou par la rue Écorche-Bœuf et les rives
en pente de la Saône. Pourquoi, lui dit Beaumont, n'on-
vrirait-on pas une voie large et commode à travers les
jardins des Jacobins et des Célestins ? Ce serait un bien
immense pour la ville, un dégagement pour les habi-
tants, une facilité pour l'armée, une sécurité pour nos
soldais. "Va, Blancon, va; distrais les haines politiques
et religieuses par le spectacle d'une amélioration dans la
cité. On oubliera peut-être un jour les troubles de notre
occupation; la ville jouira des embellissements que nous
lui aurons procurés.
Blancon réfléchissait. — Général , dit-il après un
court silence, notre artillerie est campée au milieu du lè-
nement de Bellecour, mais elle est dominée par une
montagne qui occupée par les catholiques ferait courir
de grands périls à la ville et à la religion. Il n'y a pas
de chemin pour conduire nos couleuvrines sur la colline
de Fourvière ; nos cavaliers ont grand'peine à gagner
les quartiers de la vieille vilte par le couloir étroit et ra-
pide du Gourguilloa ou par la montée difficile de Saint-