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LES BEAUX ART:'- A I/V'ON. 387
çaises les colonnes divisées par des tambours ornés qu'il
a employées à Villers-Cotterets (1 ) et au château des Tuile-
ries : il oublie que cette ornementation, qui avait pour but
de dissimuler les commissures dans les colonnes compo-
sées de cinq ou six morceaux au lieu d'être faites toutes
d'une pièce, était déjà usitée chez les anciens ; et on lui
rappellerait volontiers ce qu'il dit lui-même (2) : « Les ar-
chitectes anciens ont été fort curieux de chercher diverses
sortes d'ornements tant pour gaieté de leur gentil esprit,
qu'aussi quelquefois pour certaine nécessité. »
Un titre plus sérieux et inconstestable au nom d'inven-
teur est acquis à Philibert Delorme : nous voulons parler
de la méthode de charpente qui porte son nom « et qui
consiste à substituer aux formes de charpente ordinaire
et aux clavrons qui en font les divisions, des courbes for-
mées de deux planches de bois quelconque, longues de 3
ou 4 pieds, larges d'environ un pied, épaisses d'un pouce,
et qu'on assemble en coupe et en liaison, suivant l'espèce
de la courbe, soit en ogive, soit en plein cintre, soit en
ceintre surbaissé (3). » Deux livres, publiés après la mort
du roi Henri II (4), ont été consacrés par Philibert Delorme
à l'exposition « de ses nouvelles inventions pour bien bas-
tir et à petits frais », à l'indication des nombreuses appli-
cations que peut trouver la méthode nouvelle, et des « pro-
(1) Traité d'architecture, liv, VII, chap. 13.
(2) Liv V, eh. 20.
(3) Quatremèrede Quincy, Histoire de la vie et des ouvrages des plus
célèbres architectes, II, p. 39. — Voir aussi Yiollet-Le-Duc, Diction-
naire d'architecture, III, p. 58, au mot charpente.
(4) En tête du livre X, on lit en effet : « Philibert Delorme, lyonnais
architecte, conseiller et aumônier ordinaire de feu roi Henri, et abbé de
Saint-Eloy-lès-Noyons. » On voit que nous avons eu entre les main s
l'édition des œuvres de P. Delorme parue au 17e siècle et dans laquelle
on avait réuni en onze livres les deux écrits.