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62 LA QUEUE D'UN SINGE.
LÃ , je vis :
Le musée français « offrant aux amateurs, en personnes
naturelles de cire, ressemblance garantie, » Dumolard,
S. M. l'Impératrice, Judas Iscariote, sainte Magdeleine, le
comte de Morny, Fuad-Pacha, Jésus-Christ, Néron, saint
Éloi, et pour dix sous de plus, une femme nue avec cette
étiquette, la Fornarma; au-dessous de la galerie on lisait,
en lettres énormes :
THÉSOROCRYSONICOCRYSIDÈS.
Je n'ai jamais su pourquoi. Oh ! si Claudius avait été
là !
Plus loin : Chien félomène, du grand Saint-Bernard ; un
vieux dogue édenté, trop gras , échappé de l'abattoir.
La géante de quatorze ans Entrez; messieurs, on
peut toucher !
Une masse charnue que je reconnus pour l'avoir vue il y
avait dix ans, Ã Bourbonne-les-Bains (elle avait alors aussi
quatorze ans, mais elle marchait, aujourd'hui, impossi-
ble). Je pris mon courage à deux mains et je la touchai de
l'index au-dessous de la clavicule ; l'empreinte de mon
doigt se dessina en creux comme dans une motte de beurre.
— Pouah, ça ne devait pas être permis.
Enfin, j'arrivai à la grande ménagerie européenne et uni-
verselle ; d'immenses toiles représentaient des sauvages
capturant un boa gros comme la tonne d'Eidelberg, une
amazone, à la dernière mode, chevauchant un lion à tous
crins, des singes gymnasiarques évoluant dans un ciel
indigo, et un monsieur en habit noir, cravaté de blanc ,
ganté de jaune, tenant à bras tendu par la peau du cou
d'un côté, un tigre et de l'autre un ours polaire.
Je me posai ce problème :
Où prend-on lés peintres qui barbouillent ces toiles fan-
taisistes? où trouvent-ils leurs couleurs? d'après quels
modèles dessinent-ils ? Claudius m'eût renseigné.
J'entrai..'..