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424 NÉCROLOGIE. Pendant un an, cet état d'angoisses fut celui de nombre de dames du midi, et si les épouvantables journées de juin n'avaient pas donné raison au pouvoir , une foule de femmes , d'immor- telles héroïnes, auraient, comme Mme Genton, donné, sans hési- ter, leur vie pour ne pas êire souillées pur les Voraces du pays. Quand la république fut tombée, quand les honnêtes gens fu- rent prévenus qu'ils pouvaient se rassurer, Mrae Genton sentit sa joie éclater; elle prit la plume, et, au retour de la tranquillité et de l'espérance, elle publia, sous le titre de Violettes, un joli volume , expression ardente de son enthousiasme et de sa re- connaissance. «„Lc monde est raffermi, les barbare» succombent. Que leurs lâches forfaits sur leurs létes retombent ! S'ils avaient triomphé <[uel serait notre sort ? Le sauvage, au vaincu scalpaot la chevelure, Ou se rassasiant d'une humaine pâture," Invente une plus douce mort ! « Hc'las ! j'ai vu passer ces hordes effrénées ! De mon fleuve natal les ondes consternées Ont un moment tremblé devant leur vaste essaim ; Vers la Drame riante, au fcrlile rivage, Ils couraient, altérés de meurtre et de pillage, Le fer et la flamme à la main. » Ce beau volume valut à son auteur l'amitié de Soulary, Laprade, Berrycr et du père Gratry. Encouragée, elle s'occupa de beaux arts, de philosophie, et, en attendant des travaux plus sérieux, publia, en 1864, un second volume de vers, Pkoline, qui n'a peut-être pas l'élan généreux et l'émotion des Violettes, mais qui a certainement plus de souplesse, de fraîcheur, de va- riélé et d'imagination. Ce sont les souvenirs intimes de la femme, de la jeune artiste enivrée du bon et du sublime , de la jeune mère entourée de ses enfants, leur faisant de beaux contes et leur donnant de doux conseils. La plupart de ces pièces sont datées de la Prairie, riante villa