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74 LE PAGE DU BARON DES ADRETS. et qui étaient destinées à être les chastes épouses du Seigneur. — Oh ! je suis digne de vous, s'écria en rougissant celle qui pour nous n'est plus le page. Flavio, mais que nous appellerons désormais Marianne de Varennes. C'est par la violence que je suis entre les mains des ennemis de mon pays et de mon Dieu, et cependant c'est à leur chef que je dois la conservation de ma vie et de mon honneur, c'est grâce à lui que j'existe et que je suis digne de vous ; il m'a protégée comme un père, il m'aime comme son enfant •, il m'a fait espérer qu'il me rendrait bientôt à ma famille qui me croit, victime des massacres du Dauphiné et mon cœur ne peut s'empêcher d'avoir de la reconnaissance pour ce vieux guerrier qui ne se calme et ne s'adoucit qu'à ma voix. Vous le dirai-je ? son absence me pèse et je crains que, tombé dans quelque embûche, il n'ait été victime d'ennemis implacables et nombreux. Mais non, il est aussi vigilant que brave et bientôt nous le reverrons animer ce château de sa présence, nous entendrons ses ordres qui donnent la confiance et la sécurité autour de lui. — Vous l'aimez, Marianne; il a dû faire de grandes choses pour obtenir votre dévouement. — Très-grandes et je puis vous les dire. J'avais grandi dans nos montagnes, enfant volontaire et sauvage, pré- férant les exercices de mon frère à ceux qui sont le par- tage de notre sexe. J'aimais à suivre mon père dans les grandes forêts de châtaigniers remplies de bêtes fauves et, le soir, je rentrais avec lui aussi joyeuse et aussi vaillante que nos plus intrépides chasseurs. Je suivais