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LES BEAUX-ARTS A LYON. 17
Saint-Jean. Il fallait lutter également avec une église
claustrale récemment bâtie et qui était en grande faveur
auprès de la population lyonnaise : nous voulons parler
de l'église des Cordeliers de Saint-Bonaventure. La réaction
prêchée au quatorzième sièle par les frères Mineurs con-
tre le luxe de l'architecture des édifices religieux eut en
effet sa manifestation à Lyon, et sous ce rapport l'église
des Cordeliers est un point de repère très-précieux pour
l'histoire de l'art. Simple, sans sculpture, sans moulures,
voûtée cependant à croisées d'ogive, ayant les piliers flan-
qués de pilastres à angles abattus, avec des chapiteaux
simplement épannelés, cette église rappelle l'austérité du
cloître et le vœu de pauvreté auquel s'astreignaient les
disciples de saint François. Pourquoi ne lui a-t-onpas, dans
toutes les parties, conservé son caractère de simplicité ?
Ah ! respectons le langage, quelque naïf qu'il nous pa-
raisse, de ces vieux monuments appelés à rendre témoi-
gnage du passé ! que le temps seul soit impitoyable pour
les productions des arts !
La sculpture et la peinture ont plus à se plaindre que
l'architecture (2) des causes de destruction que le temps
a fait surgir.
(1) Quelque savant dans l'art décoratif du quinzième siècle que se
montre l'architecte chargé de compléter l'église Saint-Bonaventure, il
a trop orné la façade.
(2) Beaucoup de monuments de l'art ogival du quinzième siècle ont
cependant disparu. Donnons un regret bien vif à l'église de l'Obser-
vance dont Charles VIII avait patronné la naissance, et à l'église des
Jacobins. Remarquons, parmi ceux qui subsistent encore, les cons-
tructions civiles appelées à disparaître bientôt : plusieurs maisons
de la rue Saint-Jean, et l'hôtel du Gouvernement célèbre par un si
grand nombre de souvenirs historiques. On les trouve cités dans le
recueil publié par M. Martin, architecte, sous le titre « Recherches
sur Varchitecture, la sculpture... dans les maisons du moyen âge et
de la renaissance. «
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