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LA CORRESPONDANCE D ' O Z A N A M . 427 et le modèle des premiers membres de la Société de Saint- Vincent-de-Paul ; voilà ce qui lui fit aimer ses fonctions de professeur, ce qui donnait a ses leçons quelque chose de l'accent du missionnaire. « Cher ami, écrivait-il à un de ses « jeunes collègues, chargé de le suppléer pendant son der- « nier congé, après les consolations infinies qu'un calholi- « que trouve au pied des autels, après les joies delà famille, « je ne connais pas de bonheur plus grand que de parler à « des jeunes gens qui ont de l'intelligence et du cœur. » Belles paroles qui font bien comprendre et son éloquence, et son ascendant sur ses auditeurs. Il resterait enfin a le montrer au terme de sa carrière, en face d'une compagne tendrement aimée, d'une charmante jeune enfant, de ses travaux commencés, de cette réputalion toujours croissante et qui lui promettait une gloire durable, faisant à la volonté de Dieu le sacrifice de lant de joies et de si légitimes espérances. C'est dans l'adversité que se ré- vèle la force des âmes, et bien qu'un petit nombre de lettres seulement nous révèlent ses cruelles angoisses , Ozanam donne une bien belle leçon de résignation et de courage sous le poids « de cette couronne d'épines qu'il faut que chaque « chrétien porte au ciel pour l'y changer contre la couronne « de gloire (l). » On contemple avec émotion ses derniers efforts pour travailler encore, malgré le mal qui le consume, dans ce séjour à Pise où il se dépeint lui-même « souffre- « teux, chancelant, mais ne tombant point, un peu comme « la tour penchée devant laquelle je passe chaque jour (2). » Bientôt la correspondance s'arrête. La dernière lettre, a la date du 10 juillet 1853, est adressée à un vénérable religieux de Sienne, le P. Pendola, dont j'ai eu l'honneur de serrer la (1) T . ii. p . 6 9 . (2) T . ii, p . 4 6 1 .