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98 LA NAUMACHIE LYONNAISE. Je chante les combats livrés sur la rivière. Arrière les défis vidés ailleurs ! Arrière ! Honte aux lubriques pas des houris d'Orient, Honte à l'amphithéâtre où le peuple, en riant, Sans danger suit les bonds des taureaux en colère, Où le champ du plaisir devient un cimetière ! Oublions ce spectacle adoré des Romains, Où les tigres acteurs faisaient battre des mains Quand ils savaient ouvrir le ventre d'un esclave ! Arrière le passé ! Je chante un peuple brave, Que chaque nation considère en tremblant, Mais qui fuirait l'horreur d'un spectacle sanglant. Pour tomber avec grâce encore on fait ses preuves ; Mais on ne tombe plus que dans l'eau de nos fleuves. Dans la ville marchande, honneur au gouvernail ! Pour exalter l'adresse et l'amour du travail, Laissez les échevins de notre république Rouvrir à chaque année une lice nautique. Dans les Vosges, perdue aux palais retirés, Où de son urne pleine elle fait par degrés Ruisseler le bienfait de son onde verdâtre, La fraîche nymphe Arar a su par quelque pâtre L'heureux anniversaire aimé de ses enfants. Elle s'est mise en route aussitôt à pas lents, Car c'est toujours ainsi que voyage la Saône, En jouant dans les prés devant Saint-Jean-de-Losne; Mais enfin elle a vu les clochers de Lyon Et se trouve, au jour dit, à la réunion: Etendue à demi sur un radeau de planches Et tenant à la main son sceptre à quatre branches, Symbole des canaux qui joignent ses états, Ayant ses officiers, comme les potentats, Des feuilles du lotus chaque tempe ombragée, Sur sa couche de joncs, et la tête chargée