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 302                       CORRESPONDANCE.

 sées vers cette époque dans le voisinage profitèrent bien-
 tôt à la rue Saint-Dominique, car au lieu de faire cons-
 truire en 1658 (comme ils en avaient obtenu l'autorisation)
 « un mur de clôture pour border au couchant ladite rue,»
 les Dominicains vendirent une partie du sol qu'ils possé-
 daient de ce côté, à diverses personnes. Le 9 décembre
 1660, leurs acquéreurs, nommés Pomey, Charrin,Labarge,
 Giraud, Laforest et Fayard, représentèrent au Consulat
 que « l'entrée de leurs maisons était incommodée par le
 ruisseau pavé qui ne passait qu'à trois pieds du mur de
 façade. » En ordonnant qu'il « serait reporté dans le mi-
 lieu de la rue et que le pavé serait exhaussé d'un pied, »
les échevins ne firent que s'associer aux efforts des parti-
 culiers pour l'embellissement d'un quartier qui devint
 aussitôt et resta longtemps le plus beau de la ville. Tout
le côté de la rue Saint-Dominique fut en effet bâti de 1658
 à 1673 (1). L'officine de l'apothicaire Fleurant n'aurait-
 elle été créée que peu de temps avant ou après la repré-
 sentation du Malade imaginaire ? Cette conjecture est
admissible. Mais que Molière ait trouvé à Lyon un origi-
 nal tout prêt à figurer avec ses nom et profession dans sa
dernière comédie, ou que, pressentant la vocation future
d'un ancien habitué de son théâtre de la rue du Bœuf, il
ait eu la malicieuse pensée d'assurer par une plaisanterie
la célébrité de son nom, la tradition n'en présente pas
moins les plus sérieuses vraisemblances. C'est bien le
Claude FJeurant que les contemporains de Molière ont
connu sous le nom de l'apothicaire de la rue Saint-Do-
minique, qui a été mis en scène dans la comédie du Malade
imaginaire.


   (']) Toutes ces indications ont été relevées aux archives municipales
sur les registres des alignements de la ville.