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î)32 CHRONIQUE LOCALE. diminuent, on ne sait trop à quoi cela tient. Le mouvement de la terre varie, on ne peut en douter ; les étoiles qui filent sont plus nombreuses que jamais et puis, de l'examen vient le doute, voilà qu'on n'est plus bien sûr de connaître le vrai système du monde. Bien entendu qu'il n'est pas question de replacer la terre dans son immobilité au centre de l'univers, mais Newton et M. Levcrrier, pardon du rapprochement, n'étant plus regardés comme les régularisateurs de l'empyrée, le public lyonnais n'é- tait pas* fâché de se faire une opinion sur des affaires qui tou- chent d'assez près l'humanité, et qu'on néglige parce qu'on les croit obscures, embrouillées, difficiles à étudier, et que la plu- part de ceux qui ont voulu s'en occuper n'y ont vu que du feu. Or, le savant qui nous convoquait au Palais des Arts est un de ces hardis vulgarisateurs qui passent leur vie à cueillir des fruits sur les branches les plus épineuses de l'arbre de la science, et à les offrir ensuite au public." M. Emmanuel, après avoir esquissé à grands traits l'histoire de l'Astronomie qu'on écoutait avidement, a étudié quelques-uns des points sur lesquels il est en dissidence avec les savants offi- ciels contre lesquelsjl s'est mis assez ouvertement en hostilité. M. Emmanuel a déserté les idées de l'école newtonienne pour se rattacher aux idées de Kepler. Suivant lui, le soleil n'est pas seulement le centre attractif du système planétaire, il en est de plus le moteur impulsif. En d'autres termes, M. Emmanuel con- sidère la force motrice du soleil comme une force à double effet qui attire et qui pousse simultanément les planètes. Quant à la mesure de la force de l'atiraction solaire, il affirme avec son chef Kepler qu'elle s'exerce en raison inverse de la distance, et non en raison .du carré de la distance comme le dit Newton. Ii croit que !a rotation de la terre a lieu en vingt-quatre heures et non en vingt-trois heures cinquante - six minutes, comme on le prétend. Ses opinions particulières sur les marées, les déviations du pendule et la différence de direction entre les deux mouvements de la terre, jointes à quelques écrits mordants contre nos som- mités scientifiques, lui ont valu des tracasseries qui prouvent que Messieurs les savants ont beau vivre au-dessus des nuages, il n'en tiennent pas moins à la terre par certains points âpres et crochus. La parole de M. Emmanuel, claire et précise, a été écoutée pendant deux heures avec la plus vive attention, et si le public n'a pu juger qui avait raison des conservateurs ou du no- vateur, il n'en a pas moins été charme de cette initiation aux mystères de la plus séduisante des sciences. — Le dimanche, 20 mai, a eu lieu à l'Eldorado la distribution des Prix aux élèves de la Société d'Enseignement professionnel; la cérémonie était présidée par M. Jules Simon, député et mem-