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                 LA COERESPONDÀNCE D'OZANAM.                 425

lable à la foi catholique et dans cette sympathie éclairée pour
ce qu'il y a de grand et de fécond dans les idées modernes.
Au moment où il arrivait a Paris, après la révolution de 1830,
les idées religieuses étaient battues en brèche de toutes
 parts. Le catholicisme, compromis par une alliance impru-
dente avec la dynastie qui venait de tomber, semblait devoir
être entraîné dans sa chute ; et en présence de cette impopu-
larité qui s'attachait à leurs actes, un grand nombre de ca-
tholiques se consumaient en vains et stériles regrets du
passé. En face de ces difficultés, la jeune et ferme intelligence
d'Ozanam n'hésita pas un seul instant. Il compritaussitôtque
pour combattre l'erreur il fallait se placer résolument sur
le champ de bataille que les événements avaient créé, et que
renonçant a une protection officielle dont on paie toujours
trop cher les services, les catholiques devaient réclamer au
nom de la liberté leur place dans la société moderne. Il con-
cilia aussitôt le tendre respect qu'il portait au passé et
l'intelligence des besoins du présent. L'histoire lui révélait
d'ailleurs que ce bon vieux temps dont on parie sans cesse
est une chimère qui recule a mesure qu'on croit la saisir ;
jamais l'Eglise n'eut plus d'ennemis qu'au moyen-âge; le
progrès est au prix du combat, et il lui semblait peu digne
de rêver un état social où l'intervention du bras séculier dis-
 penserait le chrétien de la lutte.
   Dès lors, on put remarquer en lui cette modération cou-
rageuse dont il ne se départit jamais, et avec laquelle il fit,
plein d'une tolérance souveraine pour les hommes, une
guerre impiloyable aux mauvaises doctrines. Dès lors, il se
montre doux et fort, bien différent de ces apologistes du
christianisme qu'une certaine école a eu le malheur de pren-
dre pour modèles, et. qui, pour ramener à la foi la société
moderne, prennent le singulier parti de nier tout ce qu'elle
affirme, de rompre en visière a ses aspirations les plus légi-