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312 SAINT MAURICE ET LA LÉGION THÉBÉENKR. « Le troisième est le seul qui convienne a des enfants du « Christ, 'a des militaires fidèles et loyaux comme nous. « Mourons .sous nos aigles, a notre poste, avec la satisfac- « tion d'avoir accompli notre serment militaire jusqu'au « bout, « Ce dernier estle mien. Que ceux qui veulent faire comme « moi restent ici. Quant aux autres, la route leur est ou- « verte; qu'ils partent et sauvent leur vie. Ils peuvent sortir « des rangs à l'instant; je n'ai le droit de contraindre « personne. » Un grand silence suivit ce discours. Les rangs restèrent immobiles, pas un soldat n'en sortit. -7- Ainsi donc, reprend Maurice avec enthousiasme, vous voulez tous confesser votre foi et mourir avec moi? — Oui, nous le voulons tous, répondirent dans un seul élan cinq mille voix électrisi:,es. — Dieu soit loué, ô mes frères dans le Christ! reprit Maurice. Préparez-vous au martyre par la veille et la prière. Faites resplendir vos armures comme pour une fête, et dès' l'aube du jour tenez-vous prêts a recevoir sous les armes et avec tous les honneurs de la guerre ceux qui viendront nous assiéger. De grandes pensées envahirent alorsle cœur de ces hommes qui se faisaient victimes volontaires pour leur croyance. Ils al- laient et venaient dans le camp, livrés aux apprêts du grand sacrifice du lendemain. Eux aussi font reluire leurs armes et resplendir leurs glaives, ces glaives trempés tant de fois dans le sang des ennemis de l'Empire, et dont ils ne feront plus usage désormais. Leurs mâles visages reflètent un re- cueillement grandiose; tout leur être s'empreint d'une séré- nité grave et d'une fermeté indomptable. Les uns se forment par groupes et s'agenouillent, élevant vers le ciel de ferven- tes prières; d'autres, sur un rhythme oriental, chantent en