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426 LA CORRESPONDANCE D ' O Z A N A M . times, dédaignant la raison, et traitant d'hérésie l'amour de la liberté. M. Ozanam les a finement caractérisés dans une phrase de ses lettres: « Plusieurs, dit-il, pensent avoir la force parce qu'ils ont la violence et l'emportement, qui sont au contraire, comme tout ce qui est convulsif, des preuves de malaise et de faiblesse (1). » Cetle école ne lui pardonna pas sa modération ; elle osa accuser de reniements l'homme qui avait porté le plus hautement le drapeau de sa foi. Oza- nam sut distinguer le chrétien dans l'adversaire qui l'attaquait déloyalement. Il laissa passer en silence cette absurde accu- sation, et se borna à rassurer, dans une lettre confidentielle, quelques amis lyonnais qui s'étaient assez naïvement effrayés pour son orthodoxie. Les traces de ses dissentiments avec ce que j'appellerai l'école violente sont d'ailleurs assez nom- breuses dans sa correspondance. Ce n'est ni la partie la moins instructive de ses lettres, ni la moins belle leçon de charité qui résulte de sa vie. Cet instinct sûr et précoce des besoins de son temps lui fit aussi dès l'abord embrasser les deux grandes œuvres qui devaient remplir sa vie, l'apostolat au sein de la jeunesse et le service des pauvres. Son ardente charité le mêla mo- mentanément a une foule d'autres œuvres sans doute ; mais il revenait sans cesse a celles-ci avec une sorie de prédi- lection. Il les unissait dans sa pensée comme dans sa con- duite. Porter la lumière de la foi dans ces classes pauvres, aujourd'hui presque toujours privées des consolations reli- gieuses, servir d'intermédiaire entre elles et le prêtre qu'elles ne connaissent souvent que par les calomnies de ses enne- mis, consacrer à leur service les forces d'unejeunesse intel- ligente, ramenée sérieusement h la pratique du christianisme, tel fut le but d'Oz,anam. Voilà ce qui fit de lui l'inspirateur (1) T. il, p . 4 4 .