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LES DEUX. PLATS D'ÉPINARDS. 4l7 orphelines, car la charité est de tous les cultes et la pitié est due à toutes les infortunes.Toutefois, je ne lardai pas à m'a- percevoir, dans les entreliens que j'eus avec Mme d'Ebly, qu'elle n'approuvait pas entièrement celte manière de pen- ser de ma part : elle me dit que parmi les protestants il y avait aussi beaucoup d'inforlunes à soutenir, que celles-ci avaient tout particulièrement ses préférences, et que la chose lui sem- blait naturelle. Cependant, ajoutait-elle, je ne me refuse pas à m'occuper de Louise, et j'irai la voir. Son opinion 5 cet égard me surprit, car Mmc d'Ebly pas- sai! pour une femme extraordinairenient religieuse, et iors- - qu'à quelques jours de là je fus lui demander des nouvelles de Louise, elle me prétexta différentes raisons qui ne me laissè- rent bientôt plus aucun doute sur ses sentiments à l'êgari de ma protégée, 'foui en protestant de son désir de lui être utile et de m'êlre agréable, je vis bien que Mme d'Ebly se re- tranchait derrière sa conviction et ses préjugés peu chrétiens, et je ne lui parlai plus de la jeune orpheline. Je dois dire pourtant qu'elle la fit venir auprès d'elle el lui donna quelques vêtemenls hors d'usage avec lesquels Louise put s'habiller elie-môme. Ah! qu'il en fut autrement de la part de M~e Crozel d'Eli- gny, relativement à sa soiliciiude pour Marie! Non-seulement celle-ci fut visitée presque chaque jour, mais encore elle dut prendre avec lafillede sa proteclrice les leçoiis qui lui étaient données, en sorte qu'elle reçut celte éducation première de l'enfance , favorable à toutes les conditions que dans la suite elle peut remplir. La jeune Fanny Crozel prit en amitié son émule. Son bon cœur souffrait de la trouver moins bien mise qu'elle; aussi, ayant vu sa mère donner à l'orpheline ceux de ses vêtements qui étaient usés ou tachés, elle-même faisait des trous à ses robes pour hâter l'instant où elles seraient destinées à Marie. 27