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342               UN MARIAGE AUX OEUFS.

  Mais les plaisirs des jeunes gens étaient ailleurs :
              Àdoncques les fillettes,
              Fiancés et jouvenceaux,
              Commençaient les rondeaux
              Quand.venaient les musettes.

  Marguerite d'Autriche assistait, avec les châtelains, à
tous ces ébats du lundi de Pâques.
  Une centaine d'oeufs étaient éparpillés sur le sable, où
deux jeunes hommes et deux jeunes filles devaient exécu-
ter, en se tenant par les mains, certains pas de caractère,
   La coutume avait érigé cette danse bizarre en tradition
sacrée, et, si ces jeunes gens dansaient sans casser les
œufs, ils étaient fiancés, et aucune volonté ne s'opposait
plus à leur union.
   On renouvelait l'épreuve jusqu'à trois fois, et le jeu
était assez solennel pour que jeunes et vieux , châtelains
et vassaux , formassent un cercle compacte autour des
lutteurs de l'œuf de Pâques.

   C'est au commencement de l'une de ces épreuves que le
cor, retentissant tout à coup dans la forêt, avait fait ces-
ser les danses.
   Les sentinelles du castel interrogèrent des yeux la
lisière du bois et le fond de la vallée.
   Les paysans, ardents défenseurs, ce jour-là, des droits
du seigneur, se portèrent au-devant des chasseurs.
   Mais bientôt un équipage apparut, et, une demi-heure
après l'alarme, Philibert le Beau, duc de Savoie, fléchis-
sait le genou devant les nobles châtelaines et demandait
l'hospitalité au seigneur.
   Alors, plus bruyante, plus magnifique reprit la fête du
lundi au manoir et au village.