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340                 UN MARIAGE AUX OEUFS.

   Cette jeune femme s'appelait Marguerite d'Autriche,
gouvernante souveraine des Flandres.
   Ce jeune homme était Philippe le Beau, duc de Savoie,
l'un des ancêtres de Victor Emmanuel, actuellement roi
d'Italie.

  Leur mariage se fit bien simplement, mais « bien amou-
reusement, "» ajoute quelque part le chroniqueur de ce
temps-là.
   Marguerite était libre de choisir son époux selon son
cœur.
   Un voyage, disent les uns, un pèlerinage prétendent
les autres, la conduisit dans les campagnes de la Bresse,
sur le versant occidental des Alpes et en un site,
           Où jeune fille pou voit resver moult !
c'est-à-dire (traduisons librement ce vers marotique) dans
les plantureuses vallées arrosées par l'Ain et protégées
par les hautes-cimes des Alpes, pays charmant où tout
invite à la rêverie, et où le bonheur règne au milieu de
l'abondance.

   Le castel qu'habitait la jeune Marguerite d'Autriche
dominait un gai hameau.
   On paraissait être heureux chez les serfs comme chez
le seigneur. Tout le moyen âge n'a pas souffert et pleuré.
   Une forêt s'étendait à perte de vue jusque sur le terri-
toire de la Savoie.

  Cette forêt était riche en gibier de toutes sortes : le
Dauphin, qui fut plus tard Louis XI, y alla chasser l'ours
avec le comte de Charolais, qui devint son magnifique
ennemi sous le nom de Charles le Téméraire.
  Quand les ducs de Savoie poussaient une longue traite