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314        SAINT MAURICE ET LA LÉGION THÉBÉENNE.

une seule espérance la fit tressaillir ; un seul cri s'entendit :
                    Moriamur in Christo.
   Ces pieux apprêts duraient encore quand parut le point
du jour. Des teintes rosées se jouèrent dans les hauts
glaciers, et le soleil émergea des Alpes Cottiennes. Ses
lueurs naissantes étaient pures et sereines, comme pour faire
honneur à l'auréole des vaillants martyrs. Ceux-ci se rangè-
rent en bataille sur le front antérieur du campement, au delà
du fossé de circonvallation. Ils étaient la tous, dans une atti-
tude humble et superbe à la fois, le glaive au flanc, le bou-
clier dans la main gauche et la lance dans la droite. Les en-
seignes déployées flottaient au souffle du vent matinal. Les
sentinelles faisaient leur faction sur les points désignés,
pour que le devoir militaire s'accomplît jusqu'au bout. A
cheval, devant leurs troupes, et revêtus des insignes du
commandement, Maurice, Exupère et Candide attendaient la
consommation de leur destinée.
   Déjà, dans la vallée, sur la route d'Octodurum, des nua-
ges de poussière tourbillonnaient, et de grandes masses
 compactes se mouvaient dans la direction d'Agaune. L'œil
 exercé des chefs thébéens put compter bientôt trente mille
hommes qui s'avançaient vers eux en ordre de bataille. En
tête marchait l'empereur lui-même. Les viriles fanfares
 des clairons brisaient leurs notes éclatantes sur les parois
softores des grands rochers. L'armée impériale approche;
la voici aux portes du camp.
   Maximien Hercule avait a ses côtés le farouche Rictius
Varus. Quand ils aperçurent tous, les deux l'héroïque pha-
lange thébéenne, les rangs serrés, les armes hautes, et for-
midable dans son attente martiale, le César ne put s'empê-
cher de frissonner intérieurement et de dire a son compa-
gnon: « Je l'avais bien prévu; ils se défendront. Je vais