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SAINT MAURICE ET LA LÉGION THÉBÉENNE. 313 sacrifier contre eux dix mille hommes de mes meilleures troupes. Que les dieux protègent l'empire ! » Puis, sur un signal donné par lui, des ordres circulèrent dans les rangs, et l'investissement du camp thébéen com- mença. Quand toutes les issues furent bloquées, Maximien fit avancer sa première légion, et l'amena jusqu'à cinquante pas des Thébéens. Alors, se détachant lui-même avec quelques officiers, il alla au-devant de Maurice, qui, le voyant marcher vers lui, , descendit de cheval et s'inclina respectueusement. D'une voix tonnante, l'empereur lui cria : « Maurice ! je , « daigne moi-même venir à toi, quoique rebelle. Cette in- « signe indulgence prouve l'estime que je te porte encore. « Je t'adjure une dernière fois de te soumettre, de nous sui- « vre, et d'obéir aux lois de l'Empire en venant avec nous « sacrifier aux dieux. Viens, et tout sera pardonné. » « César, répondit Maurice d'une voix humble mais ferme, « tu sais quel dévouement ma légion et moi avons toujours « témoigné à l'Empire; notre passé l'atteste. Commande- « nous ce que nous pouvons faire sans crime. Nous le ferons « avec joie en bravant mille morts. Mais notre foi nous dé- « fend de rendre hommage à des idoles que nous abhorrons « et de prêter des serments qui blessent nos consciences. « N'insiste donc pas. » « Alors prépare-toi a un terrible châtiment. Toi et pas « un des tiens ne survivrez à l'outrage impie que vous « faites aux dieux et à la majesté impériale. J'aurai votre « sang à tous, quoi qu'il en coûte et quelle que soit votre « résistance. » Sur quoi Maurice répondit : « Nous ne nous défendrons pas; nous mourrons. Nos vies sont à toi, prends-les. »