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t SAINT MAURICE ET LA LÉGION THÉBÉENNE. 313 chœur des hymnes pieux. 11 y en avait qui se promenaient en silence, drapés dans leurs manteaux et abîmés dans leurs pensées ; ils songaient sans doute a leur pays, a leurs épouses, à leurs enfants. Plus d'un, né vers l'ardente Ptolémaïs, contemple les cimes glacées qui l'entourent, et regrette de ne pas revoir, en mourant, les portiques inondés de soleil de sa ville natale, les palmiers de l'oasis, les caravanes bigarrées, et le Nil, père des fleuves. Quelques-uns dorment çà et là d'un court sommeil, dernier tribut payé à la nature. Ils revoient en rêve Thèbes aux cent portes, le désert où ils sont nés, la tente en poil de chameau, et sur leurs joues ils sentent courir l'ardente caresse du simoun. Parmi les officiers de la légion, il s'en trouvait qui avaient étudié a Alexandrie et à Ephèse. Us s'étaient rassemblés entre eux, et philosophes chrétiens, devisaient de leur pro- chaine immortalité a la façon du Phédon. Quelques-uns, plus rêveurs, se taisaient et, regardaient le ciel comme pour le remercier des secrets qu'ils allaient connaître. Il restait aussi parmi les Thébéens quelques soldats païens, venus des plaines d'Hermoopolis et même des confins de l'Ethiopie. Electrisés par le magnanime exemple de leurs frè- res d'armes, ils n'avaient point voulu sauver leur vie et sépa- rer leur sort de celui de leurs compagnons. Ils ne voulurent pas non plus être séparés d'eux dans la mort; et sentant les rayons d'une lumière divine pénétrer leurs âmes, ils se réu- nirent, et vinrent demander le baptême à Maurice. Le saint héros rendit grâces au ciel de les avoir touchés ; puis, les conduisant à une fontaine qui coulait dans le camp, il rem- plit un casque de son eau, et les fit agenouiller; alors, pro- nonçant d'une voix claire et solennelle les paroles sacrées, il versa l'onde sur la tète de ces néophytes et les fit chrétiens. A dater de cet instant, une seule âme anima toute la légion;