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 260                 LES DROITS DU FUMEUR.
 blier sous ce litre: Mes voyages en Amérique. Il nous ap-
 prend qu'arrivé à Boston, il suivait tranquillement le com-
 missionnaire chargé de ses bagages en fumant un cigare.
 « Je n'avais pas fait dix pas dans la rue, qu'un agent de
 police vint à moi d'un air sévère :
    — Monsieur, il est défendu de fumer.
    — Vous voulez rire, Monsieur l'agent.
    — Je ne ris jamais. Il est défendu de fumer dans la rue.
 Si vous voulez fumer, rentrez chez vous.
     « Je ne pus m'empêcher de trouver bien lyrannique cette
  interdiction dans le pays de lotîtes les libertés ; mais il me fal-
  lut obéir.
     « Aujourd'hui, à ce que j'ai ouï dire, on peut fumer, par-
  tout et tous les jours à Boston. C'est un progrès, disent les
  uns; c'est une irrévérence, disent les autres. Pour moi c'est
  la chose la plus simple et la plus naturelle du monde. »
     Ces mots résument la pensée de tout fumeur/Fumer par-
  tout et toujours, voilà son droit. Et il doit paraître bien sin-
  gulier en effet, quand on a ces idées là, de se voir interdire
  un cigare ou sa "pipe daus les rues de Boston, pays de toutes
  les libertés.
     M. Henri Herz, comme tous les fumeurs, oublie une chose
  essentielle, c'est qu'une liberté n'est permise que jusqu'au
 point où elle incommode le voisin. De ce qu'il est permis de
 circuler librement dans les rues, il n'en faut pas conclure
 qu'on a le droit de bousculer ceux qui sont devant soi, pour
  aller plus vite.
     Si le fumeur a le droit de fumer partout et toujours, il en
 résulte que le quart de la population a le droit d'opprimer les
 trois autres quarts. En effet, on ne peut pas évaluer à moins
 des trois quarts le nombre de eaux qui ne fument pas, si l'on
 songe qu'il comprend toutes les femmes, les enfants, les ma-
 lades, etc. Dans ma famille sur quatre garçons valides, il n'y
 a eu qu'un fumeur.
    M. Herz serait bien surpris si on lui faisait observer qu'il
 n'est permis à personne de faire des ordures sur la voie pu-
 blique, et cependant il s'agit ici, non d'un besoin factice,
mais d'un besoin réel, auquel tout le monde est soumis, sans
exception. Use scandaliserait sans doute de l'assirnilalion que
je viens de faire, et pourtantelle est encore avantageuse pou r
la pipe. Car enfin, l'homme qui obéit à une loi de la nature
ne me gêne pas, moi, passant, tandis que le fumeur qui
marche devant moi sur le trottoir, et qui m'envoie directe-