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SAINT MAURICE ET LA LÉGION THÉBIÃENNE. 213 — Ils n'ont pas voulu obéir? — Non. — Ils ont préféré le supplice? — Oui. Et ils l'ont subi sans murmure. Le géant impérial poussa un formidable et rauque rugis- sement pareil a celui d'un lion blessé. Ses yeux s'injectèrent de sang, el d'une voix étranglée par la colère il s'écria : — Demain, Rietius, tu procéderas dès l'aurore à une nou- velle décimation. Prends pour cette oeuvre de justice des co- hortes fraîches. Je veux que tous mes soldats se baignent tour " tour dans le sang de ces chiens. a Pendant la nuit, l'empereur fut réveillé. On lui apportait un message de la part de Maurice. C'est cette admirable lettre que saint Euclier nous a conservée, et qui restera jusqu'à la fin-des siècles comme un monument de fermeté, de foi et de résignation, et comme le sublime testament de ceux qui al- laient mourir. « Empereur, nous sommes vos soldats, mais nous som- « mes aussi les serviteurs du vrai Dieu. Nous vous devons « le service militaire et l'obéissance, mais nous ne pouvons « renier celui qui est notre créateur et notre maître, comme « il est aussi le vôtre dans le temps même que vous le reje- « tez. Vous nous trouverez dociles a vos ordres dans toutes « les choses qui ne sont point contraires a sa loi, et notre « conduite passée doit vous en être garant. Nous sommes « prêts a nous opposer a vos ennemis en quelque lieu qu'ils « soient; mais, nous ne pouvons jamais tremper nos mains « dans le sang innocent. Nous avons fait serment a Dieu « avant de vous le faire : vousfîeriez-vousau second serment, « si nous allions violer le premier? Vous voulez que nous « punissions les chrétiens, et nous le sommes tous. Nous « confessons Dieu le Père, auteur de toutes choses, et Jésus- « Christ son fils. Nous avons vu massacrer nos compagnons