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HOMÈRE. 127 consiste à fixer , 'a éclaircir le texte, à résoudre les difficul- tés de la langue, a choisir entre les variantes, a chercher d'heureuses corrections pour les passages altérés. C'est là sans contredit un travail utile et intéressant', le vrai travail des hellénistes. Le dédaigner serait faire preuve d'un esprit superficiel et frivole. Ce n'est pas tout de louer Homère , il faut encore le lire, et on ne le lit bien que dans son texte, "dans ce grec que notre André Chénier appelait si élégam- ment : Ce langage sonore aux douceurs souveraines, Le plus beau qui soit né sur des lèvres humaines. C'est ainsi qu'un véritable artiste ne se contentera pas d'admirer la Vénus de Milo dans un plâtre plus ou moins infidèle ; il voudra voir de près l'original, en étudier amou- reusement tous les contours. Et si, par impossible, il lui était donné de réparer une des écorchures du marbre, de rendre à cet épiderme, ne fût-ce que sur un seul point, sa délicatesse et sa perfection première, il croirait, avec raison, avoir rendu à l'art un signalé service. Toutefois la philologie n'est pas toute la littérature ; elle n'en est, pour ainsi dire, que le vestibule ; car ce serait peu de chose de connaître les formes matérielles de la langue et du texte,, si l'on ne pénétrait jusqu'aux idées, jusqu'à l'esprit qui ani- me et vivifie cette matière. Beaucoup lui préfèrent une mé- thode toute différente et fort en faveur de nos jours , mé- thode hardie et féconde en promesses, très-propre par con- séquent à séduire même les meilleurs esprits, et qu'on peut appeler la méthode philosophique. Elle cherche dans les facultés de l'esprit humain l'origine et la notion exacte, la for- mule, devrions nous dire, des divers genres littéraires; elle interroge le génie des nations, ou plutôt leur tempérament tel que l'ont fait le climat et les circonstances matérielles de leur vie, pour en déduire le trait dominant qui doit caracté-